12

Around Yogya with Angga - Motorbike, countryside, batik et kulit

La compagnie

A Dieng nous avions rencontré Angga, un jeune étudiant indonésien habitant Yogyakarta et passionné de photo. Nous lui passons un coup de fil de retour dans cette ville pour lui proposer de passer une journée ensemble. Le voici aux aurores devant notre hôtel. Le temps d’enfourcher nos motos et nous voilà partis sur des routes étonnamment calmes… Il faut dire que la ville s’éveille à peine…

Dans l’antre du batik

Réalisation d'un batikNous lui avions fait part de notre envie de rencontrer des artisans, notamment de batik. Angga nous a pris au mot et jouera à la fois le guide et l’interprète. Après une heure de route le village de Wukirsari.
Un petit café au bord de la route nous fait patienter jusqu’à l’ouverture des workshops. Comme à chaque fois qu’il est question de tissus je me sens comme une gamine un matin de Noël. La fibre est ma corde sensible. La magie est toujours au rendez-vous, ce rendez-vous là ne déroge pas à la règle.

 

Cinq femmes travaillent sur une terrasse abritée du soleil. Elles papotent et rigolent tout en détourant de complexes motifs à la cire. Sûreté du geste, souplesse du poignet, maîtrise de l’instrument… tandis que bulle la cire sur son petit réchaud. Elles s’amusent à me faire prendre la pause : me voilà appliquant la cire sur le tissu, soufflant sur le cantingstylo à cire »)… En apparence… car il ne faudrait pas que mon inexpérience vienne compromettre un travail d’un mois au minimum.

Création d'un motif batikJuste à côté le patron de l’atelier a lui aussi les mains dans la cire. Assis par terre il travaille sur un immense tissu sublimement décoré. Son savoir il le tient de sa femme, nous dit-il, c’est elle l’artiste !
Pour répondre à notre curiosité il nous emmène voir la salle de teinture. Des écorces et des feuilles sont entreposées en tas immenses à côté de marmites gigantesques où elles iront bouillir longuement pour créer les colorants naturels.
De l’achat du tissu à la fabrication des couleurs, du motif dessiné au crayon au produit fini, chaque pièce représente un travail qui se compte en mois. Nous n’en aurons saisi que quelques heures…
Le batik ou le mariage fabuleux de l’art et de la fibre !

Batik Java

Les magiciens du cuir

Travail de la peau de buffle

Le village d’à-côté – pincez-moi je rêve ! – est lui spécialisé dans la fabrication de marionnettes du wayang kulit et tout autre produit dérivé de la peau de buffle. Devant sa maison une grand-mère septuagénaire sculpte inlassablement un petit morceau de cuir. Maillet et poinçons s’activent. Elle nous laisse la regarder et l’interroger par l’intermédiaire d’Angga.

 

Est-ce fastidieux ?
Quand elle en a marre elle s’arrête. Sinon elle continue.

Difficile ?
Ça fait plus de cinquante ans qu’elle manipule ses outils alors… ses mains travaillent toutes seules. C’est toute sa vie. Ses nuits sont faites de dentelles.

Qui lui a transmis cet art ?
Son frère. Le wayang kulit est une histoire de famille, de passion et même de village ! Son mari nous montre fièrement le fruit de leur patience. Merveilleuse nenek aux doigts de fée et au sourire rougi par le bétel.

 

Les peintresDevant une maison voisine c’est toute une famille qui s’active. On est ici au stand peinture. Si je peux aider ?
Orapopo (no problem en javanais), voilà un pinceau, un pot de couleur, un modèle et une pile de marque-pages à peindre. Délicat doigté pour enduire ici et non là, pour faire naître le dessin en zigzaguant entre les trous, en cheminant précautionneusement pour faire surgir de la dentelle les arabesques des ornements de Rama et de Sinta.
Mon travail satisfait.
On me laisse continuer.

Batikeve

 

 

Sur la route du retour j’ai l’impression d’avoir passé une journée de l’autre côté du miroir.
Angga a été notre Alice. Il nous a offert la chance et le bonheur de n’être plus spectateurs d’un produit fini mais de le voir naître, évoluer, surgir, devenir. Nous avons rencontré surtout de fabuleux artistes dont les œuvres incroyables ne porteront jamais leur signature…
Comme aime à me le rappeler une amie « créer c’est sortir du néant ».
C’est bien de ce processus dont nous avons été les heureux témoins.
Chapeau bas les artistes !

Réalisation d'un Wayang KulitPapy rêveurDessin de cire sur le tissuCanting, le stylo à cireLes explication de Hib DiaTravail de la peau de buffleBô gosses

Partagez cette pagePartagez cette page