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Beauté à la birmane

Petit moment consacré aux femmes et à leur beauté. Et le beauté en Asie c’est quelque chose! Les femmes du Myanmar n’échappent pas à la règle et leur coquetterie s’exprime de bien des façons. Bien sûr mon constat ici reflétera une impression générale, j’imagine que chaque région, chaque ethnie, décline à l’infini les critères de beauté et les coutumes, à l’instar de ces femmes qui s’enserrent le cou de multiples anneaux.

Premier constat : ici aussi les femmes sont les cibles d’innombrables publicités… Le savon qui rend la peau très douce, la lessive qui cajole les vêtements dans un exquis parfum de rose, le shampoing qui promet des cheveux doux, la lotion qui éradique l’acné, et surtout, surtout, toute la gamme des cosmétiques qui luttent contre le vilain soleil et assurent donner la peau blanche et un teint de porcelaine. Même les déodorants sont enrichis en produits blanchissant. Faudrait pas que les aisselles détonnent!
En tout cas aucun souci pour trouver vernis, dissolvant, crème hydratante, masque pour cheveux et j’en passe. Le rayon beauté occupe la moitié de la surface des épiceries et des stands au marché.

Il est net en tout cas que le premier souci des femmes est leur peau. Et leur visage. Toutes, partout, arborent le masque blanc-jaune du thanaka. celui-ci s’étale sur les joues, le front et le nez. Il est vendu en pâte, en liquide ou plus simplement sous forme de bout de bois dont l’écorce sera frottée sur un petit mortier et mélangée à de l’eau. Il protégera la peau du soleil et rendra la peau douce. Dans les rues ou au marché on croirait assister au renouvellement quotidien d’un antique rite tribal. Les enfants n’y coupent pas et sont copieusement badigeonnés. On les croirait portant un masque ou le maquillage d’une tribu africaine. Les hommes en revanche sont trop virils pour ce rituel. Il n’y a guère que sur le lac Inle que j’en ai vus l’assumer. Question de réverbérations. Un homme toutefois m’a avoué s’en mettre la nuit dans l’intimité du foyer. Pour avoir la peau douce. Sont pas des bêtes quand même!

Après la peau, les cheveux. Et quels cheveux! Une grande majorité des femmes porte les cheveux longs voire très très longs. De merveilleuses tignasses noires. Dans le bus j’ai été fascinée par une passagère qui les portaient jusqu’aux genoux. ET PAS UNE FOURCHE!! Sur le marché mille et une échoppe vendent toutes sortes d’accessoires pour parfaire la coiffure, et ça ne désemplit pas. Chouchous, rubans, barrettes, serre-têtes, bandeaux, nœuds, strass, pinces, élastiques, peignes en plastiques… Ça se superpose souvent, les coiffures deviennent complexes, des œuvres d’art, des défilés de haute couture capillaire. C’est un voyage que ces cheveux-là!

Cet étalage de brillance me donne envie d’aller chez le coiffeur. Certes on ne parle pas la même langue mais ce n’est pas un souci. Je suis entre les mains d’une femme. Qui comprend l’importance des cheveux. Et préférerait sûrement se faire brûler la plante des pieds que de saccager ma tignasse fourchue. Pendant qu’elle laisse son art s’exprimer j’assiste à un véritable défilé dans l’arrière-boutique/salon de beauté. Ça crème et ça masque à la chaîne. Je sors ravie de mon moment entre femmes et de ma coupe.
Le comble du chic est la parure de fleurs fraîches. Ô délice des délices! Les femmes piquent leurs cheveux de felurs de toutes les couleurs ou se couronnent de rubans de jasmin odorant. Brise parfumée quand elles vous frôlent. Évidemment je ne tarde pas à m’y mettre. Si Fred me laisse dépouiller ses plantes c’est sûr que je continue en France!

Ornement essentiel également, les boucles d’oreilles. Quasi toutes les femmes ont les oreilles percées depuis l’enfance. Cela se fait lors d’une cérémonie qui se tient en même temps que la prise d’habit par leurs frères. La mode est au bijoux très brillants. Une fillette me propose un échange : mes boucles en métal torsadé contre des pendants de princesse Disney.

Descendons d’un cran encore. On arrive aux ongles, tout autant objets de soin. Les vernis de toutes les couleurs s’étalent sur tous les marchés. J’ai vu peu de miniatures exquises comme j‘en avais repérées au Laos ou en Thaïlande. Pas à la mode ou pas bien regardé. En tout cas les couleurs les plus vives sont à l’honneur. Sauf pour les garçons. J’ai vu quelques ados aux ongles noirs ou bleu marine, mi pop mi punk.

Parlons chiffons maintenant. Pour la passionnée de tissu que je suis c’est un peu tous les jours Noël! Quasiment toutes les femmes portent un longyi qu’elle rabatte à la taille comme une jupe port-feuille. Le tissu arrive aux chevilles et est très ajusté. Il épouse leurs formes à chaque pas. La mode est aux imprimés floraux et aux batiks venus de Malaisie ou d’Indonésie. En territoire Shan les imprimés font penser à l’Amérique du sud : des lignes colorées et des motifs géométriques sur fond noir. Sur le longyi, un chemisier cintré taillé dans le même tissu ou un petit haut moulant à la mode. Comme beaucoup d’autres voyageuses j’ai testé ce drapé. Rien à faire : manque de technique ou trop grande différence de physionomie, il ne va à personne aussi bien qu’aux femmes du cru. Je me contenterai donc de ramener des tonnes de tissu dont je ferai autre chose et continuerai de m’extasier devant toutes ces belles passantes. Dans un parfum de fleurs.

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