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J'en veux Angkor ! (suite)

Nous ne pouvons plus nous passer de notre tuk tuk ni de son souriant conducteur (aux virages si serrés que l’on se demande encore comment nous avons fait pour éviter les véhicules en sens inverse et ne pas verser sur le côté ) : le rendez-vous est donc pris pour le lendemain avec cette fois l’excuse de la distance puisque nos objectifs, le Banteay Srei et Kbal Spean, se trouvent respectivement à 32 et 50 kilomètres de notre camp de base siem reapois.

La découverte du Banteay Srei me donne l’impression de pénétrer dans un site en miniature : le site est l’un des plus petits d’Angkor et les sculptures atteignent encore un plus haut degré de finesse, gracieuses apsâras et désormais familières scènes du Ramayana. Il est d’ailleurs conté que le Banteay Srei, dont le nom signifie « citadelle des femmes », aurait été construit par une femme, les sculptures étant trop délicates pour une main d’homme. Le site est également tristement célèbre pour avoir été le lieu du larcin d’André Malraux qui le déposséda en 1923 de quelques apsâras avant d’être cueilli à Phnom Penh (et avant d’avoir été ministre de la culture en France). Comme nous avons travaillé nos classiques et lu La voie royale avant le voyage (j’avais seulement feint de le lire au lycée), je me demanderai dans quelle mesure les scènes de pilonnage des sculptures sont autobiographiques et tristement proches de la réalité.

Nous repartons et mettons le cap sur Kbeal Span ou rivière aux 1000 lingas. Notre tuk tuk n’étant pas 4X4 c’est bien à pied qu’il faut effectuer les 2 kilomètres restants jusqu’à la rivière, ce qui mettra plus de temps que prévu, l’inertie fredienne étant toujours à l’œuvre… Mais le site vaut quelques efforts et c’est impressionnés que nous découvrons les fines sculptures taillées dans le lit du cours d’eau enfoui dans la jungle. Nous suivons les représentations de Vishnou, de Shiva et de son épouse Uma, et les centaines de lingas sculptés jusqu’à une cascade rafraîchissante et bienvenue.

Avant de quitter la ville nous nous décidons pour une dernière excursion vers les temples pour contempler le coucher du soleil sur Angkor Vat. Nous gravissons une colline réputée pour son point de vue et atteignons le temple-montagne de Phnom Bakheng. Les escaliers qui mènent au dernier niveau sont extrêmement raides et une fois de plus la visite relève plutôt de l’escalade. Assez rapidement l’espace se remplit et nous mesurons à quel point nous ne sommes pas les seuls à avoir eu ce qui nous apparaît très vite comme étant une fausse bonne idée. Avec une foule de plus en plus compacte la vue sur les ruines en contrebas se bouche rapidement. Nous jetons l’éponge et préférons embrasser une dernière fois du regard Angkor Vat depuis la douve qui ceint le temple. J’en profite pour me faire tirer les cartes par une cartomancienne très loquace en khmer ; selon une jeune fille qui s’improvise traductrice il est question de ma mère, d’un amoureux et de voyage. Le troisième œil fait ses preuves : je voyage en effet avec mon amoureux et j’aime ma maman.

Aw kohn Siem Reap et lia suhn hao-y !

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