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Objectif Botum Sakor

De retour à Andoung Teuk nous nous mettons en quête d’une moto et d’informations sur l’accessibilité du parc national du Botum Sakor. La chance nous sourit en la personne de Mr Thanh qui arrête sa moto à notre portée pour nouer un brin de conversation et accepte de nous la louer quelques jours. Pour les informations, c’est une autre histoire ; nous désirons longer la côte est de la péninsule sur laquelle s’étend le parc : notre guide évoque une route ne construction, notre carte n’en porte nulle trace et aucune des personnes interrogées ne sait avec certitude nous dire si route il y a et dans quel état. Nous décidons de nous lancer, à près tout, nous ne risquons rien de plus qu’un demi-tour. Grand bien nous en a pris car la route existe bien et, malgré les pluies des jours derniers, est restée tout à fait praticable. Nous suivons donc une piste rouge sur une cinquantaine de kilomètres, ponctués de passage de rivières (il faut alors charger notre moto sur une barge) et de ponts de bois à péage, jusqu’au village de Thmor Sor. Ayant trouvé un toit pour la nuit, nous nous mettons en quête d’un bout de côte propice à la baignade, le front de mer du village n’étant guère avenant. La chance continue de nous sourire : nous recroisons dans une ruelle un homme rencontré sur une barge et qui parle le français ; il se fera notre interprète pour demander conseil aux habitants, nos tentatives en khmers ayant fait naître plus de sourires que de réponses. Nous avons désormais le nom d’une plage mais aucune idée sur la façon de nous y rendre. Lançant notre moto un peu au hasard nous avons tôt fait de nous perdre et finissons au bout d’un cul de sac, devant une maison dont les habitants nous considèrent d’un œil amusé. L’aîné de la fratrie accepte de nous servir de guide et tout le monde se met en quatre pour lui trouver une moto qui sera empruntée à un voisin. Tant mieux car de toute évidence nous n’aurions trouvé tous seuls la plage miniature et charmante que nous atteignons après quelques tours à travers champs. Fred m’abandonne alors à mes lectures pour aller prendre quelques clichés. Je m’inquiète un peu de ne pas le voir revenir lorsqu’enfin le voilà, une noix de coco et deux pailles à la main ! Il m’explique que, passant devant quelques maisons, il a été invité à lever le coude par une troupe de joyeux lurons qui l’ont saoulé à l’aide d’un vin énergétique censé guérir tous les maux et renforcer la virilité, et qui ont escaladé un cocotier pour lui en offrir une noix.

Nous rentrons à Andoung Teuk dès le lendemain mais, avant de reprendre la route, nous empruntons les interminables pontons de bois glissant bordant les maisons sur pilotis qui semblent partir à la conquête de la mer. Tout le long du parcours, des femmes réparent des filets d’une main experte et avec une rapidité qui force l’admiration tandis que leurs hommes travaillent l’art du hamac ; notre fascination devant leur dextérité les amusera beaucoup. Activité sous les pontons également où, sur des îlots de sable verdâtres entourés d’une eau saumâtre et colonisée par les algues, des petits poissons aussi drôles qu’effrayants (leur nageoire dorsale semble une crête) se chargent en marchant sur leurs nageoires !

Nous marquons d’autres arrêts sur le chemin du retour ; de nouveaux villages et de nouveaux pontons qui requièrent des sauts périlleux et des talents d’équilibriste : nos hésitations et nos mines concentrées divertissent les habitants qui se regroupent pour nous observer ; abri temporaire sous la cahute d’un péage lorsque la pluie reprend, en compagnie d’une famille qui suit, fascinée, un soap opéra-karaoké. Nous finirons la route de nuit, avalant autant de kilomètres que d’insectes attirés par notre phare pâlot. Nous sommes trempés, boueux, fatigués mais ravis de notre petite virée. Prochaine destination : Krong Koh Kong.

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