2

Parc de Phu Hin Bun - Road trip J1

Nous profitons de la ville de Tha Khaek et des abords du Mékong le temps d’un dîner en contemplant la Thaïlande juste en face qui semble à portée de brasses. Des le lendemain nous nous en éloignons en deux roues pour un petit road trip de trois jours.

Départ rythmé par les secousses des changements de vitesse, il faut se faire la main ou plutôt le pied! 105km d’asphalte nous mènent à Vieng Khan, paysage de plantations d’hévéa et de villages. Au loin se découpent des falaises qui semblent nous appeler…. nous arrivons ! à la vitesse fulgurante de 65km/h en moyenne. Changement de cap, nouvelle route, toujours ce ruban goudronné qui ménage pour l’heure nos arrière-trains. La route grimpe, nous attaquons la montagne et traversons une foret dont le souffle frais chargé d’odeurs nous ravit. Un point de vue nous permet d’embrasser un paysage bosselé, travaillé par le temps et les éléments, de petits pics érodés, silhouettes décharnées cote à cote dans un garde à vous émoussé. Nous croisons quelques tracteurs, des tuk-tuk bondés, et force bovins et ovins qui chargent parfois. Nouveau changement de cap. Cette fois la route est bordée des champs dont la monotonie est rompue par l’apparition régulière de cases, de bananiers et de touffes de bambous. Chaque coté est ferme par des crêtes striées, creusées de lignes qui racontent l’histoire de leur formation, lignage généalogique.

Et nous voici à Kong Lo. Le deux roues fait place à un bateau qui pénètre dans l’antre qui abrite la Nam Hinboun sur plus de 7 kilomètres : impression de méandres de boyaux spacieux. Au dessus de nos têtes des formations de stalactites alambiquées et biscornues me font penser à des racines et des molaires : ne sommes nous pas plutôt dans une bouche grande ouverte, une gorge dans laquelle nous nous enfonçons sur notre ruisseau d’eau claire, enveloppés par une haleine fraîche, respiration du fond de la montagne ? L’obscurité est devenue absolue, les seules trouées de lumière sont celles des torches. Une salle éclairée offre au regard des stala ctites et gmites hallucinantes. L’humidité a dessiné des images d’art premier, contour d’ ocres millénaires, silhouettes de créatures étranges, fantasmagoriques, bestiaire délirant.

Le long du cours d’eau de petites plages se dessinent à la lueur des frontales, je me plais à penser qu’elles sont pour les esprits ou les créatures du ventre de la terre qui viennent s’y reposer en secret. Nous quittons soudain le noir, nous sommes parvenus de l’autre coté dans une impression d’Amazone sur notre petite pirogue cernée de jungle. Le silence fait place aux chants étourdissants d’oiseaux invisibles.

Partagez cette pagePartagez cette page