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Parc de Phu Hin Bun - Road trip J3

Départ dans la pale lumière du matin qui nous permet de découvrir le paysage manqué la veille par notre arrivée tardive : paysage un peu triste de marécages et d’arbres morts ou décharnés. Vrombissement du moteur et chant des crapauds. Cette fois il faut faire attention aux files de canetons qui traversent la route, lent dandinement qui surgit sans crier gare. Nous retrouvons une piste moins trouée et nos chers reliefs bleus ou verts, mamelons ou pics mousseux de végétation acrobate. De loin ils me semblent des visages de profil ou des corps allongés, endormis depuis des lustres. Je les imagine se relevant au sortir de leur long sommeil, contemplant d’un air étonné les ravages du temps et la colonisation végétale. Etape baignade à Tat Falang, au loin les montagnes, à nos pieds la rivière aux éclats verts dont surgissent des rochers troués et modelés par le frottement liquide, socles d’arbres dont les racines-lianes cherchent le chemin de l’eau.

L’arrêt suivant est pour la grotte de Xien Liab. Un homme surgit en courant. C’est un habitant voisin qui s’improvise guide. Des choses il en dira beaucoup, il semble bien maîtriser son sujet ou alors il chantait le dernier tube à la mode…nous ne le saurons jamais ; à chaque monologue en lao il nous lance un regard qui cherche l’acquiescement comme si nous pouvions à tout hasard saisir d’un coup de quoi il s’agit… on ne sait jamais, des miracles de grotte ça s’est déjà vu. Mais nos sourires niais ne répondaient que par : « ça a l’air chouette ce que tu dis ». La grotte a un début et une fin, et la lumière joue avec les courbes des portails sculptés par le temps qui ouvrent ce tunnel creusé dans la roche. Des frémissements d’ailes et des petits cris aigus meublent le silence du lieu mais impossible d’en voir les responsables accrochées trop haut dans des cheminées naturelles. Suivant les gestes de notre guide et avec un flot de paroles toujours incompréhensibles, nous découvrons les drapures que l’eau et la gravité, conjuguant leur force, ont ciselées et polies. Pieds dans l’eau fraîche nous nous frayons un chemin parmi toutes ces robes ; la pause fut appréciable mais l’asphalte nous rappelle, nous avons encore quelques kilomètres à avaler.

Nouvelle grotte, découverte en 2004 par un villageois venant chasser la chauve-souris, Pa Fa Cave. Celle-ci est habitée depuis quelques siècles par plus d’une centaine de Bouddhas. Nous les découvrons noyés d’offrandes multicolores dans leur paisible écrin rocheux orné d’orgues et de coraux rocheux qui lui donnent des airs de théâtre rococo.

Dernière pause du soir avant le retour. Dieu que j’aime cette heure oú la lumière, si forte et blanche durant la journée, retrouve ses couleurs et ses nuances. Choisissant un coin qui nous plait, nous nous donnons pour seule tache de déguster le paysage et les ombres changeantes. Celle-ci a lieu cette fois aux abords de la piste rouge qui part de la grotte, devant des rizières. Des gens sont à l’ouvrage et des enfants rient. Nouvelle scène sans age aux couleurs éclatantes. Très lentement au loin un nuage d’oiseaux blancs passent devant un pic bleuté comme s’ils étaient conscients de nous offrir à cette minute un moment d’exception.

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