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Pi Mai lao : prémices

Nous retrouvons les rues de la ville aux temples : ce sera notre camp de base pour le nouvel an (Pi Mai) lao qui se profile. Première constatation: le nombre de falangs mais aussi de laotiens a augmenté suivant la même courbe que le prix des chambres. Deuxième constatation : l’arrosage a déjà commencé et n’attend pas le 14, les seaux d’eau et tuyaux d’arrosage jonchent les trottoirs.

En attendant le début des festivités nous louons des vélos pour aller voir 2 villages des environs, Ban Xieng Lek et Ban Xang Kong, réputés pour leur fabrication de papier saa. Ce papier est obtenu à partir de l’écorce de mûrier. Après une phase de trempage, les écorces sont bouillies avec de la cendre, puis rincées et battues au maillet de bois. La pâte fibreuse obtenue est de nouveau mise en eau, remuée et passée au tamis avant la transformation en papier. Nous assistons à quelques unes de ces étapes avant d’avoir la démonstration de la réalisation d’une feuille : les fibres sont réparties pour se déposer le plus uniformément possible sur le cadre et des fleurs et des feuilles sont ajoutées pour la décoration. Dans le jardin d’à côté une cinquantaine de feuilles sont en train de sécher sur leur cadre en bois. Plus loin des femmes fabriquent des sacs avec une partie du papier obtenu. Je tente de piocher des idées pour améliorer la fabrication du papier avec mes élèves… Je doute toutefois de pouvoir introduire le maillet en bois en maternelle…

Le 14 avril est là et la fête commence. Sur une île du Mekong, petite esplanade sableuse, sont apparues tentes, tables et chaises. Des barbecues fleurissent çà et là pour griller toutes les viandes possibles et parfois difficilement imaginables. La beerlao coule à flot et les énormes enceintes sont de la partie (elles sont partout ! Dans tous les villages et presque toutes les maisons, c’est le mobilier numéro 1, preuve que les laotiens aiment la musique et le karaoké. Point de musique occidentale – quoique l’on ait entendu Eminem une fois dans un village reculé – mais de la musique du cru, pas toujours très bonne d’ailleurs… le gouvernement n’ayant autorise de jouer de la musique dite ‘moderne’ qu’en 2003. En tout cas, les clips méritent le coup d’œil). Elles crachotent d’ailleurs bien vite une musique très fort et je serai bientôt invitée à aller me dandiner sur la piste par un jeune laotien qui me tiendra les mains toute la chanson. Il ne me les lâchera pas jusqu’à la table et il faudra l’intervention de Fred (alias Lapi) pour qu’elles recouvrent leur liberté. Gênée, je ne savais pas si c’était innocent ou du flirt… pas toujours facile de comprendre les signes dans une autre culture.

Lorsque le dernier bateau nous ramène sur la terre ferme, nous sommes déjà bien éméchés d’avoir bu avec des locaux et nous lançons un dernier regard vers les dizaines de stupas de sable que les gens ont érigées durant la journée, décorées de fleurs et d’encens, et éclairées une fois la nuit tombée par les flammes vacillantes de dizaines de bougies.

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