4

Flâneries phongsaliennes

La capitale provinciale à des airs de gros village s’étirant le long de quelques routes menant au Phou Fa à 1626 mètres. L’air y est frais (je commençais à nous maudire de nous être encombrés de polaires), les connexions internet inexistantes et l’électricité vacillante de 18h à 22h. La présence chinoise se sent partout et surtout dans les petites rues pavées de la vieille ville, colorées par des lanternes chinoises rouges et or qui rappellent que le nouvel an n’est pas si loin. D’autres ethnies se lisent dans les costumes traditionnels de femmes rencontrées au marche. Se restaurer est un art car trouver le restaurant n’est pas chose aisée ; nous voici devant ce qui nous semble une gargote : « Peut-on manger ? – Non, vous êtes chez nous ». Nous voici devant une maison : « N’y vas pas » dis-je à Fred, « Tu vois bien que tu rentres chez des gens ! » Que nenni, c’est bien un petit restaurant et l’on nous fait de la place sur l’unique table de la pièce pour la fameuse noodle soup. Les touristes sont rares et les timides « sabai di » des enfants aussi nombreux que leurs doigts pointés sur nous dans un murmure de « falang !falang ! » glissé à leurs parents.

Une petite ballade le long d’un sentier nous permet d’embrasser une vue plus dégagée que de coutume : au loin un sentier virevolte et se perd en contrebas, des terrasses accueillent des cultures, les collines sont verdoyantes et les montagnes bleutées. Tout le long de la piste des pentes très escarpées sont recouvertes de plantations de thé avec, au bout, une petite cabanette en bambou. Quelques rares personnes y travaillent, presque couchées contre le flan de la pente et la tête couverte du fameux chapeau conique. Au bout du sentier le village de Ban Khounsouk Noi. Des poules emmènent leur progéniture à la chasse au grain tandis qu’un groupe de femmes en sarong se lavent au point d’eau. Nous croisons tour à tour des visages fermés ou souriants mais tous surpris de nous trouver là. Un autre groupe de femmes coud sur le seuil de la maison le sac traditionnel, noir à pompons rouges. Plus loin, hommes et femmes travaillent à la production du lao-lao. Dans de grandes casseroles cuit du riz avec son écorce dans un peu d’eau. A côté, l’alambic rudimentaire : la vapeur coule le long d’un bambou, passe à travers un entonnoir rempli de feuilles et finit dans une jarre. Notre curiosité amuse le groupe au travail qui laisse volontiers Fred donner de l’objectif et moi m’asseoir à leurs côtés pour touiller le riz. J’étonne beaucoup une petite fille qui me lance « sabai di » sur « sabai di » tout en se cachant et je m’efforce de toujours lui répondre. Quand nous partirons ses timides ‘bonjour’ continueront longtemps de nous suivre.

A la guesthouse c’est une petite chinoise que j’étonne avec mes pinceaux et mes couleurs. Elle reste longtemps à me regarder faire mais refuse de participer. Je lui laisse quand même une feuille arrachée à mon calepin : plutôt que de dessiner, elle en fera un pliage complexe en forme de fleur de lotus que je lui demanderai de m’apprendre. Avec les enfants, la communication, rarement verbale, prend toujours des tours amusants !

Partagez cette pagePartagez cette page