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Pi Mai lao: que d’eau, que d’eau!

Pour vous faire une idée du nouvel an lao, figurez-vous une bataille d’eau à l’échelle de toute une ville. Il est absolument impossible de se tenir à l’écart: à chaque coin de rue sont postés des groupes équipés pour l’arrosage massif. Et veut-on vraiment y échapper? Il fait une chaleur étouffante et le coeur de la fête est là, dans cet échange arrosé (dans tous les sens du terme).

Tout a été réquisitionné: seaux, bassines, pistolets ou fusils à eau en plastique venus de Chine, ballons pour bombes à eau, tuyaux, tonnaux, tous les moyens sont bons. La seule chose à faire c’est de ficeler l’électronique dans du waterproof et de sauter dans le tas. Le long des rues, c’est un défilé de pick-up chargés d’une jeunesse trempée et déchaînée, équipée elle aussi de bidons-réservoirs quand le pick-up n’est pas lui-meme transformé en piscine (ça c’est vu!).

A l’eau viennent s’ajouter les couleurs des colorants que l’on mélange au liquide : eau verte, rouge, jaune, bleue, échanges d’arc-en-ciels dans la rue et sur les trottoirs. Des glaçons viennent parfois render la baignade plus fraîche. Et pas de fête sans maquillage: certains lancent de la farine ou étalent sur le visage et les bras du passant un enduit noir obtenu en frottant les mains sur le gras carbonisé des casseroles ou sur les pots d’échappements.Equipés de bouteilles en plastique, nous devons régulièrement effectuer des arrêts aux stands de ravitaillement le plein d’eau est offert avec celui de beerlao.

Durant 3 jours, c’est le deluge à chaque coin de rue, d’eau mais de sourires aussi, la bonne humeur est générale, la ville est euphorique. Le cortège qui défile dans les rues ajoutent des couleurs à l’ensemble : adorables petites princesses laotiennes, singes sortis du Ramayana, miss Lao Pi Mai, tenues traditionnelles des différentes ethnies, cortège de moines, Pou Gneu Gna Gneu (sortes de bêtes au visage rouge et à la longue chevelure épaisse, ancêtres mythiques protecteurs)… pas un n’échappera au baptême. Les bouddhas aussi prennent leur douche: dans les vat, de grandes conduites en bois en forme de naga (serpent mythique) déversent sur eux des trombes d’eau.

Le dernier jour de la fête, en ce qui nous concerne, “on se passerait d’avoir un corps” comme dit Nicolas Bouvier. Nous agonisons lamentablement sur la terrasse de la guesthouse (nous avons du libérer la chambre car un bus doit nous ramener à Vientiane le soir même) et picorons une boulette de sticky rice dans une tentative pour colmater les fissures. Un orage éclate sur la ville : des trombes d’eau et de grêlons mettent tout le monde d’accord. Les bombes à eau font pale figure à coté de cet épanchement du ciel. Les dieux aussi veulent participer et ils n’ont raté personne… finalement nous serons les seuls à être restés secs.

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