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Trek à la rencontre des villages isolés : jour 3 suite et fin

Au matin la pluie nous accueille et nous surprend : ça faisait longtemps que nous ne l’avions vue ! Nous attendons un moment l’arrêt de l’averse qui change en 10 minutes les petites rues du village en ruisseaux boueux. Et c’est reparti. L’accalmie aura été de courte durée, très vite c’est la douche et les pieds dans la boue. Je grommelle contre cette pluie qui me dégouline dans le cou et trempe tout le contenu de mon sac. Puis je croise des gamins hilares sous l’ondée, des femmes affairées à couper du bois, bref, la vie qui continue et qui se réjouit de cette eau si rare en saison sèche. Une petite leçon qui m’a fait du bien et qui a rendu mon pas plus léger…

Les gouttes font sortir du sol une myriade d’insectes ailés qui tourbillonnent tout autour de nous ; il y en a des milliers et ça volette dans tous les sens. Un festin en perspective pour les oiseaux (et donc pour les chasseurs ?). Si l’ondée rend la marche plus difficile (sortir chaque pas du bourbier gluant qui fait ventouse, pieds et vêtements qui collent et merveilleux k-way dont on ressort à grand peine plus trempés par l’eau du corps que par celle des cieux) elle exacerbe tous les parfums de cette nature rincée. Et c’est un régal olfactif ; se mêlent cette odeur si particulière de la terre qui a bue et de la forêt gorgée d’eau, le parfum sucré des fleurs qui ouvrent grand leurs pétales, le fumet un peu âcre du bois et du sol brulés la veille.

Nous rallions finalement notre but vers 12h. Minoy retrouve quelques unes de ses étudiantes de la semaine dans le village nous sommes ; il en profitera, le fourbe, pour se faire inviter à un succulent déjeuner qui nous fait baver après nous avoir déposé dans la main notre boulette de riz gluant quotidienne. L’attente de la voiture qui doit nous ramener à Boun Tai commence. J’en profite pour quitter mes chaussures orteillophages et me dégourdir les pieds avec Fred dans la rizière d’un vert éclatant (car irriguée) qui jouxte le village. Grands signes de Minoy ; nous partons enfin ? (ca fait 4 heures qu’on est là…) Oui, à pieds. « La voiture ne viendra pas, je ne parviens pas a appeler le chauffeur et on a raté 2 tracteurs. On va faire a pieds les 13 kilomètres qui restent, no problem ? »

Lorsque la nuit tombe nous arrivons dans un village en fête. Notre chauffeur est là, il est au lao lao. Minoy se réjouit : le chauffeur retrouvé nous disposons d’une voiture pour les 4 km restants, profitons un peu de la fête alors ! Nous rejoignons une table d’hommes qui semblent un peu tirer la tête (y a pas à dire, mon expérience au Laos m’a prouvé que les femmes savent bien mieux festoyer que les hommes !) et parmi lesquels sec comptent d’anciens élèves de Minoy (prof d’anglais). Fort bien ! Nous tentons d’entrer en contact. Mais toutes nos questions (what’s your name ? Do you speak english ?etc.) ne provoquerons que des regards paniqués. Hum… On nous propose alors de faire une donation au temple tout neuf en l’honneur duquel la fête a lieu. C’est le chef du village en personne qui nous conduit à l’intérieur. On nous demande nos noms pour les dire au micro lors des séances de lectures des innombrables donateurs. Ce sera Eve et Lapinou (Fred étant trop dur a prononcer pour les laotiens, ce dernier a jeté l’éponge et essaye tous ses surnoms. C’est le Zette de Bibi qui revient le plus souvent…). A la sortie nous voilà propulsés à une table VIP pour assister aux spectacles et aux danses (on sera très souvent invités à y participer), le tout très copieusement arrosé de lao lao bien sur ! Enfin la douche chaude, les affaires sèches et le lit ! Membres endoloris, estomac brulé, cerveau ailleurs (c’est fort l’alcool de riz maison). On n’aura jamais autant picolé surtout en trek mais bon, politesse oblige ! Laissons la nuit nous remettre en état.

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